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croisade contre les albigeois.

gresse, mais ils ne savent pas comment tout cela finira. Ô Dieu ! glorieux père, dame sainte Marie, qui vit onques si puissante troupe ni si fortement armée, que ceux de Toulouse, ni telle chevalerie ! [1940] Tous ceux de Milan, de Rome en Italie, vous eussiez dit qu’ils y étaient, et ceux de Pavie, quand ils sont dehors dans la plaine.

LXXXVIII.

Seigneurs, merveilleusement grande fut l’ost du comte de Toulouse et de ceux du Toulousain. [1945] Toulouse et Moissac y sont, et Montauban et Castel-Sarrazin et l’Île en Jourdain[1], et tout Agenais, à tel point que personne n’est resté dans le pays. Tous ceux de Comminges et de Foix y vont ; Savaric de Mauléon, dont on se réjouit fort, [1950] et Gascons de Gascogne, et ceux du côté de Puycerda[2]. Ils sont plus de deux cent mille, lorsqu’ils s’alignent dans la campagne ; les charrettes chargées de pain et de vin et d’autres munitions sont conduites vivement par les vilains[3]. Les buffles et les grands bœufs portèrent les trébuchets[4]. [1955] Ils menacent le comte fort et ses adhérents : la plupart le traitent de traître, de fils de putain. Ils l’assiégeront de force dans Carcassonne : s’ils le peuvent prendre, ils l’écorcheront vif. Ils pren-

  1. Ch.-l. de c. de l’arr. de Lombès (Gers).
  2. Ville de Catalogne, au pied des Pyrénées.
  3. En cas de guerre, on voit toujours les vilains requis ainsi que leurs bœufs, pour le service des convois ; voir par ex. le Charroi de Nîmes.
  4. Sorte de catapulte de grande dimension ; voir Du Cange trebuchetum, et surtout les exemples rapportés par Carpentier.