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croisade contre les albigeois.

me conta Izarn, qui était alors prieur de tout Vielh Mores et de cette terre[1].

Après avoir longuement séjourné dans le pays de Foix les hommes de l’ost, [1890] y ayant fait tout le mal qu’ils pouvaient, détruit les vivres, le blé, la culture, se séparèrent au déclin du temps chaud. Le comte de Montfort se dirige vers Rocamadour ; l’abbé de Cîteaux demeure en couvent, [1895] dans le cloître, à Cahors, ne sortant pas, par crainte ; et je ne crois pas qu’il en fût sorti avant Pâques, s’il (le comte de Montfort) ne l’en eût tiré.

LXXXV.

Les croisés partirent, comme je viens de vous dire, et le comte de Montfort s’est mis en route : [1900] il se rend à Rocamadour, car il l’avait promis[2]. L’abbé

  1. Il est difficile de déterminer ce qu’était le Vielh Mores. L’identification proposée par M. Schmidt (Hist. et doctr. des Cathares, II, 313) avec l’abbaye de Vielmur (Vetus-murus), dioc. de Castres, se heurte à une difficulté phonétique. Fauriel traduit « Vieux-Muret », ce qui ne signifie rien. Il est plusieurs fois question dans les actes de l’inquisition de Carcassonne de l’archidiacre Veteris Moresii (Doat, XXI, 41 v°, 154 v°), mais sans détermination précise. Toutefois M. A. Molinier me signale dans une bulle d’Alexandre III la mention d’un archidiaconé, Vetimorensis (ou plutôt Veterimorensis), faisant partie du diocèse de Toulouse, et qui est évidemment notre Vieilh Mores. Voici le texte : « ... archidiaconatum quoque a porta Narbonensi usque ad Carcassense territorium, et alium Vetimorensem et alium ultra Garumnam, et alium a Garnensi villa que Brahai cognominatur.... » (Vaissète, II, pr. 587). La position des autres archidiaconés étant connue, on voit que celui de Vielh Mores était au sud ou au sud-est de Toulouse, sur la rive droite de la Garonne.
  2. L’expédition faite dans le comté de Foix est plus pleinement racontée par P. de V.-C. (ch. LV). Au lever du siége de Toulouse,