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croisade contre les albigeois.

d’une part que de l’autre il y eut plus de cent tués, et bien cinq cents blessés, qui tous étaient saignants. Et le comte de Comminges, selon ce que je sais, y perdit dans la mêlée un vaillant chevalier : [1800] R. de Castelbon[1], qui fut regretté par maintes personnes. On combattit des deux parts si âprement que ceux de l’ost battirent en retraite, mais sans rien emporter. Les grandes targes de cuir, je vous dis en vérité que les bons...[2] en eurent trois. [1805] Aux logis retournent chevaliers et sergents, et ceux de Toulouse s’en reviennent également. La nuit [les croisés] firent le guet jusqu’à l’aube ; ils détruisent en masse les vignes et les blés, les arbres et tout ce que porte la terre. [1810] Ils mettent tout cela en un monceau, auprès d’un défilé ; ils comptent bien en emplir les fossés, car telle est leur intention.

LXXXI.

Les barons de l’ost, qui sont hommes preux et

  1. D’après le texte « Raimon At », ou Ramonat ; l’une ou l’autre de ces leçons fausserait le vers. Ce personnage, d’ailleurs inconnu, était probablement originaire de Castelbo, ancienne vicomté située dans le diocèse d’Urgel, et dépendant du comté de Foix. C’est probablement à la mort de ce chevalier que fait allusion P. de V.-C. lorsqu’il dit (ch. LV, Bouq. p. 48 e, 49 a) : « Quodam etiam die, cum exiissent hostes, nostri audacius ipsos redire in civitatem compellerent, in ipso insultu occiderunt cognatum comitis Comingensis.... »
  2. Il y a ici un mot, afozenc, que je n’entends pas. S’il n’est point corrompu, ce doit être un adj. dérivé d’un nom propre (comme Mironenc, v. 1221, cf. Diez, Gram., trad., II, 349-50) ; et il ne serait peut-être pas impossible qu’il s’agît des hommes du comte de Foix que la réd. en pr. (voy. au t. I la note sur le v. 1798), peut-être d’après un texte plus complet, fait paraître à cette affaire.