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croisade contre les albigeois.

LXXIX.

Seigneurs, l’ost des croisés était fière et merveilleuse, dure et superbe. [1780] Ils passent l’eau de vive force et se dirigent vers Toulouse. Ni la peur ni rien ne les empêche de l’assiéger du côté où elle est le mieux fermée[1]. Il y avait dans la ville plus de gens (que dans l’ost). Si (seulement) ils eussent été aussi vaillants ! car de toutes les cités celle-là est la fleur et la rose ; [1785] mais ces gens ne sont pas si hardis, si osés que les croisés, ainsi que le rapporte l’histoire, et ils le font bien voir.

LXXX.

Quand le preux comte de Bar eut entrepris l’attaque, ainsi que le comte de Chalon et tous les autres ensemble, [1790] ils portent d’abord avec effort vers le fossé les grandes targes de cuir bouilli pour qu’elles leur servent de protection contre les carreaux ; puis ils portent les matériaux[2] qu’ils jettent dedans (le fossé) en courant. À cette vue ceux de l’intérieur sont remplis de douleur : [1795] ils vont à leur rencontre et les frappent rudement, tellement que tant

  1. La ville ne fut point investie : « Obsessa est ex una parte civitas, non enim sufficiebant nostri ut a parte alia obsiderent, » P. de V.-C. ch. LV ; mais il est bizarre que les assiégés aient précisément choisi le côté le mieux fermé. P.-ê. plus a-t-il été écrit au v. 1782 par anticipation (à cause du plus qui commence le v. 1783). On pourrait alors proposer mens clouza.
  2. Le pertrait, voy. ci-dessus p. 86, note 2.