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croisade contre les albigeois.

et sachez qu’écuyers et valets leur venaient en aide[1]. ....[2] les Allemands, qui arrivaient à force d’éperons, qui étaient bien cinq mille, comme dit la chanson. [1580] Arrivés à Montgey[3], les barons[4] s’armèrent et marchèrent tous en rang comme à la procession. Mais le comte de Foix, qui a cœur de lion, et ceux qui étaient avec lui ne les ont pas interpellés : ils les assaillirent de tous côtés. [1585] Pourtant ils se défendirent bien, les Allemands et les Frisons, pendant longtemps auprès d’un petit bois ; mais, finalement sachez sans mensonge, ils se laissèrent tous vaincre misérablement. Là mourut le plus grand nombre sans confession. [1590] Les vilains de la terre et les valets truands[5] les tuaient avec des pierres, avec des pieux ou des bâtons, par suite de quoi Montgey fut mis à sac. Puisse le seigneur Dieu de gloire me pardonner mes péchés ! si on pendait comme larrons ces vilains [1595] qui occient les croisés, et qui leur prennent leurs biens, je le trouverais bon.

  1. On a vu plus haut que le comte de Toulouse avait appelé le comte de Foix à son secours (v. 1422).
  2. Lacune : voir au t. I la note sur le v. 1577.
  3. Monjoyre réd. en pr., ce qui sans doute a conduit Fauriel à traduire (à la table des matières) le Montjoi du poëme par Montjoire, qui est un village de l’arrondissement de Toulouse près de la rive gauche du Tarn ; mais, comme il y a dans P. de V.-C., ch. L (Bouq. XIX, 44 d) « Mons Gaudii prope Podium Laurentii », il ne peut guère s’agir que de Montgey, canton de Puylaurens (Tarn).
  4. C.-à-d. les Allemands.
  5. J’adopte pour le mot tafur, qui n’est ici qu’un terme de mépris, l’équivalent vulgaire donné par Guibert de Nogent dans un passage souvent cité ; voy. Du Cange-Henschel, VI, 690 a, Trudennes.