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croisade contre les albigeois.

si le comte le permet, avec lui en une autre terre, où il lui plaira. Et le comte, lorsqu’il entend cela, leur en rend grand merci. Alors il a fait ses lettres scellées et les a partout envoyées [1420] à tous ses amis, là haut en Albigeois, et deçà en Béarn et au comte de Comminges, et au comte de Foix, et en Carcassais. Il prie Savaric de Mauléon[1] de lui porter secours en cette occurrence ; et celui-ci lui a promis [1425] de l’aider, qu’on le trouve bon ou non, avec ardeur et courage.

LXII.

À l’entrée de carême, quand le froid baisse et que commence à venir le doux temps de Pâques, les croisés et les hommes de l’ost se mettent en mouvement, [1430] appelés qu’ils sont par nos prêcheurs. L’évêque de Toulouse, que Dieu puisse honorer ! ils l’ont reçu en grande procession, comme un empereur. Il les absout de l’interdit, si bien que je crus alors [1435] qu’ils avaient fait paix pour toujours de bon cœur[2] ; mais ensuite je vis qu’ils se brouillèrent par

    semble du reste qu’on ait été porté à grouper ceux-ci avec les Allemands, car on lit dans P. de V.-C. ch. LV (Bouq. 48 e) : « Fuit in obsidione illa comes de Barro et plures nobiles viri de Alemania. »

  1. Savaric de Mauléon, alors sénéchal de Poitou (Boutaric, Saint Louis et Alphonse de Poitiers, p. 135, note 1), riche baron poitevin qui joue un rôle important dans la lutte entre Jean sans Terre et Philippe-Auguste, et qui occupe un rang honorable parmi les troubadours. Il ne manque pas de notices biographiques sur ce personnage : voy. par ex. Diez, Leben und Werke der Troubadours, p. 402 ; Historiens occid. des croisades, II, 343, note l.
  2. C’est la seconde fois que notre auteur se livre à cette illusion : cf. v. 1007 et suiv.