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croisade contre les albigeois.

et cela d’ici à un an, pour en faire à leur plaisir et volonté ; [1385] et plus de deux sortes de viande ils ne mangeront, ni par la suite ne vêtiront étoffes de prix[1], mais de grossières capes brunes qui leur dureront plus longtemps. Ils détruiront entièrement les châteaux et les forteresses[2], et jamais plus chevalier ne résidera en plan[3], [1390] mais dehors, dans la campagne, comme les vilains. Ils ne prendront sur les chemins aucun péage illégitime, mais seulement les vieux usages anciennement établis[4]. Ils donneront chaque année quatre deniers toulouzains aux paziers[5] de la terre qu’ils (les clercs) établiront ; [1395] tous les usuriers devront renoncer au prêt à usure, et s’ils ont pris un intérêt, tout d’abord ils le rendront. Et si le comte de Montfort et les croisés qui viendront chevauchent sur eux, comme font tant d’hommes[6], et

  1. Mot à mot : étoffes de parage, de noblesse.
  2. Ou bien selon la variante : « les châteaux et toutes les forteresses ».
  3. Il faut sans doute entendre plan dans le sens qu’il a encore en languedocien, celui de place de ville. Par là on arrive à l’interprétation donnée par la réd. en pr. : « Item, que degun gentilhome del seus, ny nobles, dins aucuna vila o plassa no demouraran ni habitaran, mais deforas per los camps... » (p. 30).
  4. Cet article est précisé par le passage d’une lettre d’Innocent III au comte de Toulouse : « Præterea, cum pedagia, guidagia et salnarias tibi legatus interdixerit memoratus (le légat Milon), auctoritate præsentium duximus declarandum illa esse pedagia, salnarias et guidagia interdicta quæ non apparent imperatorum vel regum, ante Lateranense concilium, largitione concessa, vel ex antiqua consuetudine a tempore cujus non extat memoria introducta. » 23 Janv. 1210 (l. XII ep. CLIV ; cf. CLXIX).
  5. Ceux qui étaient chargés de faire observer la paix décrétée par le pape ou par un concile ; voy. Du Cange, paciarii.
  6. Ou, selon la variante, « comme font prudhommes ».