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croisade contre les albigeois.

Montfort se montra plein de courtoisie, [1310] car il ne prit pas aux dames vaillant une pougeoise[1] ; ni un denier monnayé[2].

LVIII.

Quand on sut par la terre qu’ils (les Croisés) avaient pris Termes, tous les meilleurs châteaux furent abandonnés. Alors fut pris Albi sans siége[3]. [1315] Les

  1. Petite monnaie du Puy.
  2. Le siége de Termes est raconté par P. de V.-C. (ch. XL-XLII) avec beaucoup plus de développement et de précision que par G. de Tudèle. Les deux récits diffèrent quant à la prise de la forteresse. Tous deux mentionnent la disette d’eau dont souffrirent les assiégés, et les pluies abondantes qui renouvelèrent à propos leur provision, mais P. de V.-C. ne dit rien de la maladie que l’usage des eaux pluviales aurait déterminée, au rapport de G. de Tud. : en revanche il s’étend considérablement sur les travaux d’attaque conduits avec persévérance pendant plusieurs mois par le sire de Montfort. Selon lui, ce serait frappés d’une soudaine terreur que les assiégés auraient tenté de fuir, la veille de la Saint-Clément (22 novembre). Il n’y a là du reste rien qui soit en opposition avec la version de G. de Tud., et les deux récits se complètent sans se contredire. La mention de l’archevêque de Bordeaux (v. 1264-5) et celle des dames enfermées dans le donjon (v. 1299) sont propres à G. de Tudèle.
  3. Il est singulier qu’au v. 1314 le nom de la ville d’Albi soit exprimé par Albejes, qui partout ailleurs est employé en son sens ordinaire : Albigeois. Cependant le second hémistiche, que non fo asetjad, s’applique à une ville, et non à un pays. La réd. en prose ne laisse pas supposer de lacune, mais remplace Albejes par Albios, nom assez inusité pour Albi : « Et adonc, dementre que tout so dessus se fasia, es estat pres ung fort castel et plassa per les gens del C. de M., loqual s’apelava d’Albios, una forta plassa, car los que eran dedins, ausen dire que lo dit Termes era estat pres, ainsin que dit es, encontinen an layssada ladita plassa et relinquida, et s’en son anats ; dont lodit C. de M. es estat fort ben content et joyos, car adonquas tout lo pays s’es metut en