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introduction, § ii.

l’aide de ces documents et de quelques autres du même genre qui n’ont pas été déposés au Trésor, mais qui se sont conservés dans les archives du Midi[1], nous pouvons nous former une idée sommaire du gouvernement que Simon de Montfort imposa pour un temps aux pays occupés par la croisade. Ces mêmes actes contiennent la mention de divers personnages qui jouent un rôle dans le poème et nous sont ainsi une source précieuse d’éclaircissements.

La seconde catégorie d’actes est formée par les chartes très-nombreuses, mais malheureusement très-dispersées, où on voit des seigneurs prêts à partir pour la croisade, ad partes Albigensium, selon la formule usuelle, faire soit leur testament, soit une donation pieuse à quelque établissement religieux. Les documents de cette espèce n’offrent ordinairement qu’un intérêt assez limité. Eût-on réuni tous ceux qui se sont conservés, qu’on ne connaîtrait encore qu’une fraction bien minime du nombre si considérable des seigneurs qui, depuis 1209, se rendirent à la croisade. En outre, il ne faut pas perdre de vue qu’à tout le moins pendant le gouvernement de Simon de Montfort, les opérations militaires ont toujours été conduites par un petit nombre de personnages établis à demeure dans le Midi, tandis que l’immense majorité des croisés ne joua qu’un rôle collectif, chacun se bornant le plus ordinairement à accomplir strictement sa quarantaine, afin de revenir au plus tôt dans ses foyers sans se soucier autrement du succès de l’expédition.

III. Les récits : Pierre de Vaux-Cernai.

Le Midi de la France a été au moyen-âge très-pauvre en

  1. Il s’en trouve un certain nombre dans la collection Doat, à la Bibliothèque nationale.