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croisade contre les albigeois.

hommes de Mir : si grand coup il lui donna en la large ornée de fleurons que le haubert ne lui valut une pomme pourrie : en l’eau il l’abat, sous les yeux des barons. [1225] Puis ensuite il férit un glouton qui s’enfuyait, [il le férit] de côté, en passant, avec l’épée fourbie ; puis il en férit un autre à cette même attaque. Crépin de Rochefort ni Simon ne s’oublient : celui qu’ils peuvent atteindre n’a plus besoin d’aide[1]. [1230] C’est ainsi qu’ils les menèrent battant un bon bout de chemin, tellement que P. Rogier en fit marrie figure, et tous ses compagnons, quand ce vint à la fin ; de ce qu’il leur en est ainsi advenu, il n’en est pas un qui ne le maudisse : déconfits ils s’en retournent avec perte ce jour là. [1235] Guillaume de Contre a rallié son monde ; il entre dans la cité en laquelle il tient garnison. Des pierrières qu’ils ont sauvées ils ont grande joie, et aussi toute la troupe qui s’est réjouie de cette victoire.

LVI.

[1240] Quand le comte de Montfort qu’on appelle Simon eut mis le siége à Termes, tout à l’entour, et ouï les nouvelles, sachez qu’il fut satisfait de Guillaume de Contre et de ses compagnons[2], de ce qu’ils avaient préservé de la destruction les engins, [1245] et plus encore de ce qu’ils avaient vaincu ce baron qui a nom

  1. Je traduis selon la correction proposée en note : « n’avoir besoin  d’aïe » est une locution fréquente dans la poésie française : Rolant 1619 ; Renaut de Montauban, éd. Michelant, 42/4, 98/3, etc.
  2. Dans le texte « son compagnon », au sing., sans doute à cause de la rime. À la rigueur cela pourrait s’entendre de Crépin de Rochefort, qui paraît avoir été le principal des compagnons de G. de Contre, voy. 1144 et 1228.