Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/185

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
[1210]
53
croisade contre les albigeois.

eux. La comtesse de Champagne[1], qui est courtoise et sage, les reçut bien, ainsi que nombre d’autres barons, et le preux duc de Bourgogne qui lui offrit maints dons, et le duc de Nevers fut pour lui très-amical, et lui fit large hospitalité.

XLIII.

Le pape de Rome et tous les cardinaux [985] le reçurent très-bien, comme un baron de naissance. Le pape lui donna un manteau de prix et un anneau d’or fin, dont la seule pierre vaut cinquante marcs d’argent, et de plus [il lui donna] un cheval. Là ils devinrent bons amis de cœur. [990] Il (le pape) lui montra la Véronique du Père spirituel. En lui en faisant toucher la face[2] qui ressemble à celle d’un homme vivant, il l’absout de tous ses péchés. Tant ils furent d’accord tous les deux cette fois[3] !

XLIV.

[995] Quand le comte de Toulouse eut fait tout ce qu’il voulait, il prit congé du pape et se mit promptement en route[4]. À très-grandes journées il sortit de

  1. Blanche de Navarre, régente pendant la minorité de Thibaut IV.
  2. La face du Christ imprimée sur le linge de la Véronique.
  3. Pour ces derniers mots je suis la traduction de Fauriel ; mais le texte est corrompu au v. 993.
  4. Selon P. de V.-C. (chap. XXXI) le pape aurait accablé d’injures le comte de Toulouse. D. Brial (Bouquet, XIX, 29 note) révoque en doute cette assertion et renvoie aux lettres d’Innocent III, l. XII, ep. CLII, CLIV, CLVI, CLXIX. Le témoignage du moine