de tués. À la fin, ils furent mis en déroute ceux qui étaient avec Bouchart ; et ce fut deuil et malheur ; [965] lui-même y fut pris, et on l’emmena. Quant à ceux qui y trouvèrent la mort on n’y pensa plus : Dieu reçoive leurs âmes, à la fin du monde, en son ciel glorieux[1] !
Le comte de Montfort fut vivement affligé [970] de la capture de Bouchart et de ses compagnons. Tout cet hiver il alla en déclinant jusqu’en carême, au temps des feuilles[2], que revint la croisade comme elle fait maintes fois. Le comte [de Toulouse] alla à Rome, comme dit la chanson, [975] ainsi que les consuls de Toulouse qui y firent de grandes dépenses[3]. D’abord il alla en France, où ils trouvèrent joyeux le riche roi Philippe[4], mais plus tard il devint soucieux ; à cause de l’empereur Othon il se montra ensuite cruel pour
- ↑ P. de V.-C. (chap. XXVI) raconte cette affaire d’une façon un peu différente : selon lui les hommes de Cabaret se seraient mis en embuscade pour surprendre Bouchart et les siens.
- ↑ En 1210.
- ↑ Les consuls de Toulouse se rendaient auprès du pape afin de solliciter la levée de l’excommunication dont ils avaient été frappés par le légat Arnaut. Elle fut levée conformément à leur demande ; voy. une lettre d’Innocent III du 19 janvier 1210 (n. s.) insérée par les consuls de Toulouse dans leur lettre au roi d’Aragon (Vaissète, III, pr. 233 ; Teulet, Layettes du Trésor, I, 369-70). La même lettre abrégée dans Innoc. epist., XII, CLVI, vers la fin.
- ↑ Selon Pierre de V.-C. (ch. XXXIII), l’objet de la démarche de Raimon VI auprès de Philippe-Auguste aurait été d’obtenir le rétablissement des péages auxquels il avait été obligé de renoncer sous peine d’excommunication (voir l’engagement pris par le comte à Valence le 18 juin 1209, dans Migne, Innoc. epist., t. III, p. 90).