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croisade contre les albigeois.

XXXII.

Le vicomte de Béziers sortit pour parlementer ; il eut avec lui environ cent chevaliers, et le riche homme de l’ost trente seulement. « Sire, » lui dit celui-ci, « je suis votre parent. [735] Puisse Dieu m’aider et me protéger comme je voudrais votre accord, et votre plus grand bien et celui de vos hommes. » À ces paroles ils se placent dans le pavillon du comte de Nevers où se tient le parlement. [740] De toutes parts le regardent chevaliers et sergents, selon ce que rapporte un prêtre[1] ; car il s’était livré en otage de son plein gré ; et il agit bien en fou, par mon escient, lorsqu’il se mit en prison.

XXXIII.

[745] Le vicomte de Béziers se tenait dans le pavillon du comte de Nevers, lui et ses compagnons ; il y en eut jusqu’à neuf, des meilleurs de sa maison. Là le regardèrent[2] bien Français et Bourguignons[3] .... Les bourgeois de la ville et les chevaliers qui y sont, [750] et dames et damoiselles, chacun à l’envi, tellement qu’il n’y resta ni sergent ni goujat, ni homme petit ni grand, femme ni damoiseau. Tous ils sortirent nus, en grande hâte, en chemise et en braies, sans autre vêtement : [755] ils (les croisés) ne leur laissèrent de rien

  1. Est-ce le Pons de Mela mentionné plus haut au v. 112 ?
  2. Ou peut-être avec un faible changement au texte, « les gardèrent. »
  3. Il y a ici une lacune ; voir au t. I note sur le v. 749.