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introduction, § ii.

chacune d’elles est à étudier séparément, tant au point de vue du récit qu’à celui de la langue.

II. Sources de l’histoire de la croisade contre les Albigeois : les actes.

Pour apprécier la valeur historique de chacune des deux parties de la chanson de la croisade, il est nécessaire de s’être d’abord rendu compte des autres documents que nous possédons sur le même sujet. Ces documents peuvent se classer sous deux chefs : les actes et les récits.

La plus importante série des documents diplomatiques relatifs à la croisade est formée par les lettres du Saint-Siége et des légats. Nous possédons en très-grande partie les registres de la correspondance d’Innocent III ; quatre années seulement nous font défaut : 1201 (livre IV), 1214 à 1216 (livres XVII à XIX). Ces dernières années sont celles où Simon de Montfort, ayant détruit à Muret (1213) la coalition formée par le roi d’Aragon et les seigneurs du Midi, s’occupa d’organiser sa conquête. Elles embrassent aussi la période du quatrième concile de Latran (1215), pendant lequel d’importantes négociations furent engagées entre le comte de Toulouse et le pape. La perte du recueil des lettres pontificales écrites pendant ces trois années cause une grave lacune dans nos moyens d’information. Pour les années qui précèdent, nous avons, sinon toutes les lettres relatives à la croisade qu’a pu écrire le souverain pontife, au moins la partie la plus considérable de cette correspondance. Nous savons que l’enregistrement ne s’appliquait pas à tous les actes pontificaux sans exception[1], mais les omissions ont dû être peu importantes.

  1. Voy. Delisle, Mémoire sur les actes d’Innocent III, dans la Bibl. de l’Éc. des ch., 4, IV, 11.