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croisade contre les albigeois.

sure, [30] et elle a le même air, pour qui sait le dire. Vous avez tous ouï comment l’hérésie avait tant gagné (que Dieu la maudisse !) qu’elle dominait tout l’Albigeois, le Carcassais, le Lauragais pour la plus grande partie. [35] De Béziers à Bordeaux, sur toute la route, il y a beaucoup de ses adhérents et de leur compagnie. Si j’en disais plus[1], je ne mentirais [pourtant] pas. Quand le puissant pape et le reste du clergé virent cette grande folie se répandre [40] plus fort que de coutume et croître chaque jour, chacun dans son ressort ils envoient prêcher. L’ordre de Cîteaux, qui eut en cette matière l’autorité principale, y envoya maintes fois de ses hommes, tellement que, par suite, l’évêque d’Osma[2] tint cour assemblée [45] ainsi que les autres légats avec ceux de Bulgarie[3] dans Carcassonne, où il y eut grande affluence. Le roi d’Aragon y était avec son grand baronnage. Il en sortit quand il eut ouï la cause et se fut convaincu que c’étaient des hérétiques, [50] et envoya ses lettres scellées[4] à Rome

  1. P.-ê. : si je disais cela du plus grand nombre (de[l] plus ?) de la majorité des habitants ?
  2. Diego de Acebes, évêque d’Osma (Vieille-Castille) ; voyez Vaissète, III, 135, et note XV (p. 558) ; cf. D. Juan Loperraez Corvalan, Descripcion historica del obispado de Osma (Madrid, 1788, in-4o), I, 190-3.
  3. C’est-à-dire avec les hérétiques (les Bougres).
  4. Il y eut à Carcassonne, en février 1204 (n. s.), entre les hérétiques et les inquisiteurs de la foi, et en présence du roi d’Aragon, une conférence qui nous est connue par un acte émanant de Pierre d’Aragon lui-même. Cet acte, qui est une sorte de circulaire, est donné comme « tiré des Archives de Carcassonne » par le P. Benoist, Hist. des Albigeois et des Vaudois, I, 269, et a été publié de nouveau, d’après un ms. (cartulaire ?) du xiiie siècle appartenant à un particulier, par Compayré, Études historiques et Documents inédits sur l’Albigeois (1841, in-4o). p. 227. Malgré