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cxiv
introduction, § xii.

Lézat[1], au sud de Toulouse[2] et plus à l’ouest, à Bagnères[3] et en Béarn[4]. Comme la langue offre dès Bagnères des caractères très marqués qui ne se trouvent pas dans notre poème, c’est plutôt le pays de Foix qui aurait été la patrie de l’auteur. Nous avons vu plus haut (p. lviij et suiv.) qu’il était du diocèse de Toulouse, sans être Toulousain ; or Pamiers et Foix étaient au xiiie siècle (jusqu’en 1295) compris dans ce diocèse.

Notre auteur, pressé de rimer, use et abuse des concessions faites aux auteurs de poèmes de longue haleine, et que les Leys d’amors autorisent ou du moins tolèrent. Dans la déclinaison comme dans la conjugaison il admet diverses formes reçues de son temps dans le langage parlé et dans les écrits sans prétentions littéraires, mais ordinairement bannies de la poésie. Ainsi coms (lat. comes) est plus d’une fois employé au cas régime du singulier, 5264, 6242, 6347, 8678[5], au lieu de comte. Il en est de même pour senher et abas[6]. Des exemples pareils se trouveraient en grand nombre en d’autres textes du xiiie siècle[7].

Les Leys d’amors réprouvent l’usage de l’imparfait du

  1. Canton du Fossat, arr. de Pamiers.
  2. Voir mon Choix d’anciens textes, partie provençale, n° 52. Je vois aussi Sent Roma dans une charte écrite en 1208 par le notaire du comte de Toulouse (Teulet, Layettes du Trésor, I, 314 b), mais nous ne savons pas d’où était originaire ce notaire.
  3. Musée des Archives départementales, p. 169.
  4. Choix d’anciens textes, partie prov., n° 54.
  5. Dans le texte j’ai fait à ces passages des corrections que je retire maintenant, comme aussi l’indication du vocabulaire où coms, cas régime, est donné comme propre à la première partie.
  6. Voy. Chabaneau, Revue des langues romanes, 2, I, 203, note.
  7. Coms et vescoms, au cas régime dans la vie de Gaucelm Faidit (Parn. occit., p. 101), plainte du vicomte de Soule en 1252 (Romania, V, 371), etc.