Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/122

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
cx
introduction, § xii.

finales atones placées en rime sont plus rares, mais on peut citer cependant setis, 7119, Joris, 7140 (paroxyton, 5796, 7950, 7999, 8870, 8908, 8937), savis[1], 7153 ; prendo, 5097, contention, 7814[2]. Signalons encore l’introduction parmi les rimes en -ans de deux finales qui n’y sauraient légitimement prendre place, l’une en -as fermé, l’autre en -anh : Alans, 4162, 6061 (Alanus), qui partout ailleurs qu’à la rime est Alas[3], et estrainhs, 6101, gazan[h]s, 6109.

Elision. — Les cas de non-élision d’une finale féminine, suivie d’un mot commençant par une voyelle, sont fréquents :

El reis manda a totz, 2782 ;
que Dieus salve e gar, 2802 ;
sia essems mesclatz, 2834 ;
per rama e per blatz, 2835.

    qu’il est difficile d’admettre els pour e las en provençal ; cependant, comme il y en a un autre exemple (els armas, 4534), je l’admettrais à la rigueur. M. Chabaneau pense que torres est pour torriers, mais d’abord il ne s’agit pas ici de touriers : c’est tour qu’il faut entendre. Puis la rime repousse une finale en iers. M. Chabaneau invoque à tort nés, 4106, qui est un mot français (il s’agit de Guillaume au court nez) et qui rime à peu près.

  1. Exemple fort douteux. Voy. les Add. et corrections.
  2. Ces rimes en o atone ne sont pas rares dans la Guerre de Navarre de Guill. Anelier (v. 21, 22, 26, 1463, etc.). Ailleurs, dans Guiraut Riquier, par exemple, et Matfre Ermengaut, on rencontre d’autres finales atones (surtout en es ou en e) rimant avec des toniques : voy. Bartsch, Denkmæler d. provenz. Liter., p. 319, et Zeitschrift f. romanische Philologie, II, 131 ; Mussafia, Handschriftliche Studien, III, p. 4 (C.-r. de l’Ac. de Vienne, XLVI, 410). Les Leys d’amors citent la rime bes-Alexandres, la regardant comme vicieuse, mais comme pouvant être excusée « en los dictatz anticz » (III, 6, 8).
  3. On trouve chez certains troubadours des exemples du mélange d’-ans ayant l’n instable (-as estreit de Faidit) avec -ans ayant l’n stable ; voy. Bartsch, Denkmæler, p. 332 (note sur 179, 4).