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introduction, § xi

qui a exécuté notre unique ms. de ce poème était méridional, et qu’entre ce copiste et Guillem il y a eu au moins une ou deux transcriptions faites par des méridionaux. Chacun de ces scribes aura, par instinct plutôt que par esprit de système, fait disparaître quelques formes françaises, de sorte qu’il n’y a guère plus que les rimes qui puissent nous donner une idée de la langue de l’auteur. Cependant, même en dehors des rimes, on peut recueillir un certain nombre de formes françaises qui, n’ayant pu être introduites par les copistes, viennent certainement de Guillem. Je citerai dama (français dame), 1499, 1557, 2139, daima (id.), 1937 ; mesira (messire), 1483, 1504 ; sira, 2088[1] ; chivacher (fr. chevaucher), 1469 ; puis des formes de verbes telles que seit (fr. soit), 387, 1532, 2030, 2180, avoit, 343, soloit, 40, veneit, 2046, 2057, vindreit, 1896, voleit, 1879, pour sia, avia, solia, venta, venria, volia ; des participes tels que detrenchetz, 389, montetz, 411, monteia, 32, comenseia, 203, etc. De même, dans le fragment de Raynouard, avoit, I, p. 2, en note. Signalons encore dels devant des noms féminins : dels autras viandas, 1162, dels espeias, 2127, dels peireiras, 1169, que j’ai corrigé en dels manganels, mais qu’il aurait fallu conserver. De même als albergas, 2587 ; quels, se rapportant à peirieiras, 1181. En provençal il faudrait de las, a las, que las, ce qui donnerait aux vers une syllabe de trop. L’auteur a été influencé par le français des, as, ques. Ces mots, ces formes, ne sont que quelques individus isolés qui ont échappé au travail des copistes. Voyons les rimes. Je les prends dans l’ordre de la table qui termine le tome Ier.

  1. Je ne cite pas le sire des vers 710 et 734 parce qu’on peut supposer (et la supposition a été faite par Fauriel) que l’auteur a voulu faire parler ici un de ses personnages en français.