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introduction, § xi.

et du philologue. Désireux de maintenir cette introduction dans de justes limites, j’ai dû me résigner à traiter sommairement quelques-unes des parties de mon sujet. Et puisque j’ai l’honneur d’écrire pour la Société de l’Histoire de France, il m’a semblé que je devais m’attacher de préférence à éclaircir les questions historiques que soulève le poème. La philologie se trouvera par suite un peu sacrifiée et je me bornerai, en ce qui concerne la langue et la versification, aux observations strictement nécessaires. Je continue à étudier séparément les deux auteurs, et pour chacun d’eux je commence par la versification, parce que nous ne saurions déterminer les caractères linguistiques de nos deux textes sans connaître les habitudes de versification propres à leurs auteurs.

1. Versification.

Laisses. — Guillem de Tudèle compose en laisses en alexandrins monorimes généralement assez courtes. La plus longue de ses laisses (LVI) a 46 vers, la plus courte (CXIX) en a 8. Les 2768 vers dont il est l’auteur sont divisés en 131 laisses, ce qui donne une moyenne de 21 vers pour chacune. La laisse est terminée par un vers de six syllabes (sept quand la terminaison est féminine) qui rime avec la laisse suivante[1]. C’est la disposition de la cobla capcaudada des Leys d’amors[2], avec cette différence que dans les deux exemples rapportés par les Leys, le dernier vers du couplet est de même longueur que les autres. En d’autres termes les Leys ont en vue non des laisses de longueur indéterminée, mais des couplets symétriques. La cobla capcau-

  1. Ce petit vers manque aux laisses 4 et 23, mais c’est sans doute par une omission du ms.
  2. I, 146, 168, 236.