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introduction, § x.

L’auteur, qui, dans toute cette partie, semble composer à mesure que les événements se développent sous ses yeux, nous ramène par une courte transition au siège de Marmande, et à la nouvelle croisade amenée par le fils de Philippe-Auguste. On voit bien qu’il n’était pas au nombre des défenseurs de la place, car son récit est court et dépourvu de particularités notables[1]. La scène qui vient ensuite, où l’on voit les chefs croisés délibérer sur le sort des principaux défenseurs de Marmande, est évidemment arrangée, puisque notre auteur n’avait guère le moyen d’être renseigné de première main, mais le fond en est certainement exact, et quant au massacre des habitants[2], il est confirmé par Guillaume le Breton[3].

Les deux dernières laisses du poème nous font connaître les préliminaires de ce siège de 1219 qui fut pour Toulouse l’occasion d’un nouveau triomphe. Ce qui mérite surtout l’attention, c’est, à la dernière tirade, l’énumération des principaux défenseurs de Toulouse, avec l’indication précise du poste de combat de chacun d’eux. On voit paraître là une soixantaine de personnages, tous ou presque tous mentionnés dans les chartes du temps, ainsi qu’on le verra par les notes que j’ai jointes à la traduction de ce morceau. Cette longue liste, qui jusqu’à présent n’a pas été mise à profit par les historiens, est un précieux document pour l’histoire des familles seigneuriales du Midi, et de plus est à peu près le seul texte à l’aide duquel on puisse se former une idée quelque peu précise des alliés qu’eut le comte de Toulouse dans sa lutte contre la croisade. C’est après ce dénombrement des défenseurs de Toulouse que s’arrête le

  1. V. 9216-55.
  2. V. 9307-20.
  3. Voy. II, 462, note 3.