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à cette époque, dans presque tous les pays du monde, sous forme de faïences, alors que les moyens mécaniques étaient à peu près inconnus, Montpellier aurait pu conserver la gloire en même temps que les profits de cette industrie si on ne l'avait laissée péricliter pour des raisons que nous essayons d'expliquer plus loin.

Disons tout de suite que l'abandon de l'industrie de la terre a tenu justement à la richesse de notre département : à la vigne.

En effet, les seuls pays qui aient conservé l'art céramique, sont des pays pauvres. Et d'ailleurs, reconnaissons que, en France, Les pays pauvres sont les seuls pays industriels.

Actuellement, n'y a plus de faïenceries dans les pays vinicoles ; aussi sommes-nous tributaires, quant à la céramique de tout genre, architecturale, fantaisie et vaisselle, des départements les plus éloignés

Pour la céramique d'architecture, céramique d'art émaillée, nous devons nous adresser, pour les parties destinées aux façades au département de la Seine ; pour l'intérieur, à Gien, Montereau ou Sarreguemines.

Quant aux céramiques dites Majoliques, les usines les plus rapprochées de nous sont à Caudéran (Bordeaux) et Vallauris (golfe Juan). Les premières de ces majoliques sont de fabrication plutôt grossière ; les deuxièmes, les Valauris, sont plus soignées, mais d'un prix élevé, Toutes les autres céramiques, type majolique, que notre public est habitué à voir aux étalages de nos grands magasins, viennent des fabriques de Lille, Blanc-Misseron, Orchies et autres du Nord de la France et aussi d'Angleterre.

Mais, si depuis Le XVIIIme siècle, l'Hérault a laissé péricliter la céramique, si d'autres départements français l'ont cultivée, les Anglais ont su en tirer le plus grand profit.

Il y a, en Angleterre, le district de Staffordshire, qui comprend les villes de Hanley, Burslem, Tanstall, Stoke-upont-Trent, Feuton et Longton, et qu'on nomme « District des Poteries ».

Les argiles plastiques de ce district sont les mêmes que celles de notre département.

On y trouve, en effet, Blue Clay (argile bleue), Black Clay (argile noire), White Clay (argile blanche), Ball Clay (argile en mottes).

Une très importante Maison, la Maison A. Venger, ayant son siège à Hanley, fait grand commerce de ces argiles. Elle les cote, en moyenne, de 35 à 38 francs la tonne, bord Liverpool, pendant que nous laissons les nôtres dormir là où la nature es a jetées.

Le Blue Clay (argile bleue) est la plus abondante dans l'arrondissement de Montpellier. C'est avec cette argile qu'Ollivier faisait certainement ses faïences. On peut voir, à quelque distance de l'École d'agriculture, les anciennes carrières, non épuisées, de cette argile. On la trouve de Juvignac jusqu'après Poussan.

Le Black Clay (argile noire), est très abondante dans l'arrondissement de Lodève. Dans les essais de céramique que nous avons eu l'avantage de faire dans la classe de M. Henri Michel, à l'École des Beaux-Arts, courant juillet 1901, on peut voir des objets fort réussis obtenus avec cette argile.

Le White Clay (argile blanche), se trouve assez abondamment dans l'Hérault, et notamment à Murviel-lès-Montpellier. C'est celle employée de préférence à l'École des Beaux-Arts.

Le Ball Clay (argile grise en mottes) est l'argile que l'on trouve partout dans nos environs, celle qui sert à la poterie de M. Biot à Figuerolles à Saint-Jean-de-Fos et à la Faïencerie de l'École professionnelle de la rue du Plan-d'Agde[1].

Pour donner une idée du développement que les Anglais, toujours pratiques, ont su donner à l'art céramique, nous croyons devoir citer textuellement ce passage d'un rapport concernant le district des poteries de Staffordshire, que nous savons très exact :

«Ce district s'étend sur une longueur d'environ 17 kilomètres. » Sa prospérié et son importance n'ont jamais été égalées par

  1. Cette argile a le grand avantage industriel de ne coûter que 3fr. le mètre cube, rendue à la fabrique, 10, rue Plan-d'Agde.