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dans l’Europe. Elle a coûté à construire trois cent mille livres. On peut juger par là quelles dépenses engage l’entretien de cet établissement. Il (Ollivier) y occupe un grand nombre d’ouvriers qu’il a dressés à tous les ouvrages qui venoient des pays étrangers. Par là les commerce des Génois et Hollandois qui emportoient des sommes de cette province s’y trouve entièrement ruiné. Il s’est attiré leur haine et leur jalousie ; ils n’on rien oublié pour luy débaucher ses ouvriers ; sans les malheurs qu’il a eus, il feroit travailler avec plus d’aisance, mais il s’est épuisé à soutenir sa manufacture. Le sieur Ollivier est le seul dont la manufacture ayt été érigée dans le royaume en manufacture royale. »

De 1741 nous trouvons une lettre d’Orry, contrôleur général, à M. de Bernage, intendant général des États de Languedoc, et la réponse de ce dernier. Même intérêt de part et d’autre, mêmes allusions signilicatives à l’importance de cote industrie.

« A Versailles, le 25 Avril 1741.

Monsieur,

» Il a été permis en 1724 au sieur Ollivier d’établir à Montpellier une fabrique de fayance ; je vous prie de me marquer quel est succez de cette manufacture.

» Je suis, Monsieur, votre très humble et très obeïssant serviteur.. « Orry (contrôleur général). »

M. de Bernage, intendant général des États de Languedoc

« le 7 juin 1741

Monsieurs Orry, » J'ay différé de répondre à la lettre que vous m’avez fait l'honneur de m’écrire le 25 Avril dernier au sujet de la manufacture de fuyance du sieur Ollivier de cette ville, parceque ce particulier, qui est depuis plus de trois mois détenu au lit malade, m’avait demandé du temps pour pouvoir me remettre luy même un mémoire de l’état de sa fabrique ; mais comme je vois peu d’apparence à ce qu’il puisse y satisfaire encore, je n’ay pas cru devoir attendre plus longtemps à vous rendre compte de ce que j’en seay par moy même.

» Il est certain, Monsieur, que le sieur Ollivier s’est toujours appliqué à perfectionner ses ouvrages surtout après depuis les lettres patentes qu’il obtint au mois de Janvier 1725 portant étblissement de sa fabrique en manufacture royale, et qu’il y est même parvenu ; mais son commerce qui était autrefois considérable est fort diminué par le peu de débit de ses ouvrages depuis quelques années.

Il y a à la vérité quelques autres particuliers établis dans les faubourgs de Montpellier qui font aussy de la fayance, mais ils travaillent peu et leurs ouvrages sont si inférieurs à ceux de la fabrique Ollivier qu’il y a pas lieu de penser qu’ils lui causent aucun préjudice.

» Je suis, Monsieur, etc » De Bernage »

Nous bornerons là la reproduction des documents[1] (1). Bien que nous nous soyons tenu à l’énumération des principaux et que nous n'ayons pas eu l'intention de donner même un aperçu de l'ensemble de l'historique de la faïencerie montpelliéraine, notre but est atteint, qui était de démontrer l'importance de l'ancienne industrie faïencière à Montpellier. Le moment est venu de rechercher quels avantages il y aurait à voir renaître cette industrie.

Les documents ci-dessus suffisent, selon nous, à démontrer l'importance qu'avait, dans notre pays, l'art de la céramique au XVIIIme siècle. Et nous pouvons en tirer la conclusion que, l'argile qui forme généralement le sous-sol de nos terrains s'exportait,

  1. Nous avons fait paraître ces documents dans « La Vie Montpelliéraine », des 28 Juillet, 4, 11, et 25 Août 1901.