Page:La Céramique à Montpellier. Rénovation de la faïencerie locale. Bra9055pdf.pdf/6

Cette page n’a pas encore été corrigée

qu'il y ait dans la province ; les autres manufactures jouissent de la mème grâce, la province protège tous Les établissements qui donnent à vivre au public, et qui tirent de ce travail et des consommations des denrées de son crû. Le moyen de retenir ou d'atirer dans la province des fonds qui servent à la rendre florissante et à lui faire acquitter sans effort les charges auxqu'elles elle paraît devoir succomber et dont elle ne se ressent point par la sagesse de ses ministres, quy par leur attention à faire fleurir les manufactures rendent ses ressources inépuisables. »

Nous trouvons aux archives départementales, C. 2759 (liasse), plusieurs autres lettres échangées entre M. de Machault et l'intendant du Languedoc, relatives à la fabrique d'Ollivier, lettres qui témoignent de l'importance de cette Fabrique et de l'intérét que le Gouvernement croyait devoir lui témoigner. Ces lettres sont de 1718. Nous citerons ici une des principales, doublement intéressante parce qu'on y voit une des manifestations de notre éternelle rivalité avec Marseille, qui avait pris, ces dernières années, un caractère aigu sur la question des Facultés de médecine.

Cette lettre, adressée à M. de Bernage, est conçue en ces termes:

« A Paris, le 23 may 1718 »Monsieur, »J'ay reçeu une lettre de M. de Basville en faveur du sieur Olivier, qui a établi dans Montpellier une manufacture considérable de faïance, et qui, suivant le témoignage de M. de Basville, mérite une protection particulière ; par le mémoire que le sieur Olivier a engagé M. de Basville de m'envoyer, il demande deux choses dont la première ne lui peut estre accordée, qui et que les faïences fabriquées à Marseille ne puissent estre introduites et débitées dans le royaume, sous le prétexte que les Marseillois a cause de la franchise de leur ville ne paient aucuns droits d'entrée pour raison des plombs et estains, qui entrent dans la fabrique des faïances, et que mesme ils font souvent passer des faïances étrangères comme si elles provenoient de leurs propres manufactures ; il n'y a pas d'aparence qu'on considère la ville de Marseille de la mesme façon qu'une étrangère, et qu'on se détermine à défendre l'entrée et la consommation dans le Royaume des marchandises qui s'y fabriquent. Vous sçavez que nonobstant la franchise, le plomb et l'estain, qui sont des marchandises d'Angleterre, ne doivent point estre reçues à Marseille, et d'ailleurs les faïances, qui y sont fabriquées, payent des droits d'entrée au sortir du territoire, quand on les introduit dans le royaume, ce qui balanceroit l'avantage dont le sieur Olivier prétend que jouissent les faïances qui ont té fabriquées dans cette ville. Si les Marseillois pratiquent des fraudes en faisant passer des faïances étrangères pour des faïences fabriquées chez eux, c'est aux commis des fermes d'y veiller, et en cas qu'il fut certain que ces commis ne fisent pas leur devoir, j'aurai soin de les y faire exhorter.

» La seconde demande du sieur Olivier nous a paru plus raisonnable. Elle tend à avoir une permission de faire entrer dans le royaume du plomb et de l'étain, quoyque ces deux espèces de marchandises soient proscrites en haine de ce que les Anglais ont exclu ou chargé de droits les marchandises de France, le Conseil de Commerce est disposé à permettre au sieur Oivier. qu'il fasse venir du plomb et de l'estain, puisqu'il ne peut s'en passer absolument, et que sa manufacture périroit ; mais afin qu'il n'en abuse point, le Conseil m'a chargé d'avoir l'honneur de vous écrire pour vous prier de me marquer la quantité dont le sieur Olivier aura besoin pour soutenir le travail de sa manufacture.

» Je suis avec respect, Monsieur, votre très humble très obéissant serviteur.

» Signé : De Machault. »

À vingt ans de là nous trouvons encore C, 2801 (liasse) une note ainsi conçue, relative à la mème manufacture: « Elle est une des plus belles, au moins la plus considérable qu'y ait