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de cause, nous rapporterons encore quelques faits caractéristiques.

Cet homme aveuglé par la haine et le désespoir, convaincu à juste titre qu’il a perdu toute chance de réintégration au pouvoir, marche droit à la trahison de sa propre patrie. Que, brisé par le vent de la fureur populaire, au lieu de se réfugier en quelque coin perdu et de baisser la tête, il répande dans le public une foule d’articles, d’informations, de pamphlets effrontément mensongers, on pourrait l’expliquer par la frayeur mortelle dont est saisi celui à qui l’on arrache le masque du visage. Mais il ne s’en tient pas aux mensonges, il recourt à la plus basse félonie, à des intrigues capables de saper les bases de sa patrie.

Dans sa haine féroce contre le prince Ferdinand et ses conseillers actuels, Stambouloff ne cache pas le but infâme qu’il vise, rabaisser le Prince aux yeux du monde et, s’il est possible, le détrôner. Il comprend qu’il n’y aura plus pour lui de renouveau politique, et, se sentant rouler à l’abîme, il tâche d’y entraîner le Prince, les ministres, le peuple, le pays. Quand il était premier ministre et qu’il avait audience du Prince au palais, il s’humiliait en protestations de fidélité et de dévouement ; à peine avait-il quitté l’appartement du Prince qu’il se ré-