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du prince Ferdinand de Cobourg décida Stambouloff. Il n’avait plus à compter sur la faveur de la Russie ; bien plus, il était assuré de sa haine. Là-dessus il prit position.

Il devint l’ennemi de la Russie.

La hardiesse de cette résolution ne doit pas être portée aux nues, non plus que la sincérité du patriotisme qui l’inspira. Stambouloff se vit tout à coup l’objet de l’inimitié de la Russie et se crut environné d’assassins à la solde du gouvernement russe. Sa terreur fut vive ; il ne se montra plus en public qu’avec une garde de quinze gendarmes. Il entretint une véritable armée d’espions à Saint-Pétersbourg, à Moscou et à Odessa, — moins, à vrai dire, pour être renseigné sur les desseins et les dispositions de la Russie que pour faire surveiller les émigrants bulgares de la part desquels il craignait à chaque instant des attentats contre sa vie. Ce n’est pas tout : ces espions avaient également pour mission de guetter l’heure où une amende honorable de Stambouloff aurait quelque chance d’être accueillie.

Mais cette heure si ardemment désirée ne sonnait pas. Lassée par cette attente vaine, l’impatience de Stambouloff s’exaspérait, sa méfiance le torturait, son incertitude devenait un véritable