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didat au trône bulgare, Stambouloff s’adressa à Aleko Pascha-Vogorides, ex-gouverneur général de la Roumélie orientale, et lui offrit la couronne, à condition que lui Étienne Stambouloff serait désigné comme son successeur sous le nom de Étienne Ier. C’est un détail amusant et qui ne manque pas de saveur psychologique. Les autres faits sont moins comiques.

Lorsque Dondukoff Korsakoff quitta Sofia, Stambouloff, seul de tous les libéraux, l’accompagna à sa sortie de la ville. Dans la banlieue se trouvent deux énormes chênes qu’on aperçoit de très loin ; c’est sous leur ombrage qu’eurent lieu les adieux solennels de ces deux politiciens. Stambouloff adressa un discours pathétique au geôlier russe dont le pays était enfin délivré. « De même que ces deux chênes, lui dit-il, restent debout, côte à côte, indifférents aux souffles de la tempête comme aux rayons du soleil, de même la Bulgarie et la Russie resteront unies indissolublement. » Sur quoi le Russe, très ému, le serra dans ses bras ; des larmes et des baisers scellèrent le pacte, et Stambouloff revint dans la ville, cherchant à deviner d’où allait souffler le vent.

Poussé par Zankoff et Karaweloff, qui avaient cru avoir en lui un instrument docile, Stambouloff