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Mais était-ce le patriotisme qui faisait de Stambouloff l’adversaire juré de la Russie ? Dira-t-on qu’il s’opposait à ce que toute réconciliation survînt entre les deux pays parce qu’il craignait de voir la Russie se servir de ces bons rapports pour anéantir l’indépendance de la Bulgarie ? Si l’on répondait à ces questions de façon affirmative, on pourrait comprendre à la rigueur que Stambouloff ait foulé aux pieds le peuple bulgare, qu’il l’ait conduit à coups de fouet, pour le protéger contre les écarts de sa volonté égarée et l’empêcher de se jeter dans les bras de la Russie.

Mais la vérité est tout autre. Stambouloff s’est affiché l’ennemi irréconciliable de la Russie, non par conviction patriotique, nationale, mais parce qu’il avait besoin de cette attitude pour rester ministre, parce qu’on ne voulait pas entendre parler de lui à Saint-Pétersbourg, et qu’à diverses reprises on avait repoussé la main conciliatrice qu’il tendait humblement.

Pour justifier notre dire, rappelons quelques faits qui remontent aux débuts de Stambouloff dans la carrière politique. Il est avéré que pendant l’interrègne qui suivit la chute d’Alexandre et l’avènement du prince Ferdinand, alors qu’on jetait les yeux de tous côtés pour trouver un can-