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outre, il fallait qu’une opposition constituée existât où l’on pût choisir les éléments d’un cabinet nouveau. Cette condition ne se trouva réalisée qu’en mai 1894 ; jusqu’à ce jour il avait été réellement impossible d’éloigner Stambouloff ; lorsqu’à la nécessité se joignit la possibilité, ce fut chose bientôt accomplie.

Stambouloff fut donc redevable de sa longue omnipotence ministérielle à des raisons d’ordre intérieur. Une raison d’ordre extérieur ne le favorisa pas moins ; il lui fallut, en effet, déjouer les complots, paralyser les efforts criminels des émissaires de la Russie. Mais ce qui était au début un droit de légitime défense devint bientôt un expédient pour donner le change à l’étranger et pour bâillonner le peuple bulgare.

Nous affirmons donc que la russophobie de Stambouloff fut d’abord une nécessité imposée par les circonstances, puisqu’elle lui servit uniquement dans la suite à déguiser sa passion effrénée pour la domination. Nous allons le prouver tout à l’heure. Mais on pourrait aller plus loin, démontrer que la prétendue russophobie de Stambouloff ne contenait pas un atome de sentiment patriotique ; cette assertion serait facile à établir pourvu que l’on examinât la campagne menée par Stambou-