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de l’idéal bulgare, alors qu’il en est la criante antithèse ; — l’éloquence des faits suffit à le prouver. S’il a pu se maintenir pendant sept années à la tête du gouvernement, c’est grâce à la correction du prince Ferdinand, qui, toujours soucieux de rester dans la limite de ses attributions constitutionnelles, le garda et le couvrit de son autorité aussi longtemps que Stambouloff eut une majorité dans le Sobranjé. Comment cette majorité fut obtenue, notamment pendant les années qui précédèrent immédiatement la catastrophe du 18 mai, c’est là, à coup sûr, une tout autre affaire. Les électeurs mauvais teint étaient emprisonnés par fournées, traqués, ruinés ; bref, tout était mis en œuvre pour les tenir éloignés des urnes. Dans le Sobranjé même, il ne pouvait être question d’opposition, car si un membre, au nom du mandat qu’on lui avait confié, se permettait une timide observation sur quelque sujet que ce fût, sa voix était aussitôt couverte par les clameurs des Mameluks parlementaires, et sa personne même menacée. Néanmoins, pour le Prince, fidèle observateur de la constitution, il ne pouvait se présenter que deux circonstances permettant de se débarrasser de Stambouloff : un échec du ministère à la Chambre ou la démission offerte par le ministre lui-même ; en