Page:La Bulgarie au lendemain d'une crise, 1895.djvu/47

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’entretien fut long et cordial ; on se sépara sans animosité. À sa sortie du palais, Stambouloff, malgré toutes les mesures d’ordre qu’on avait prises, fut hué par la foule qui l’attendait massée devant la porte. Le Prince en personne parut dans la rue et recommanda le calme au peuple. Il dit au préfet de police : « Vous me répondez sur votre tête que Stambouloff ne recevra pas une égratignure. » La conduite du Prince fut, à cette heure critique, si pleine de considération pour Stambouloff et de sollicitude pour sa sécurité, que le premier ministre nouvellement entré en fonction crut voir là une sorte de démonstration contre lui-même et parla d’offrir sa démission à l’instant.

Depuis lors, le Prince et Stambouloff ne se sont jamais revus.

Aussitôt que le pouvoir dont il avait abusé d’une façon si scandaleuse fut arraché des mains de Stambouloff, on entendit l’orage populaire gronder contre lui. Toutes les injustices qu’il avait commises lui furent jetées à la face ; un formidable cri de haine et de vengeance retentit dans tout le pays. Il fallut, pour le protéger, placer des sentinelles autour de sa demeure. Il n’osa plus, il n’ose point encore aujourd’hui s’aventurer dans la rue. C’est la nuit seulement qu’il se glisse furtivement