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de Stambouloff qui avait prétexté une indisposition. À son entrée au palais, le Prince fit appeler Stambouloff, qui chercha, pour se disculper, un faux-fuyant quelconque.

— Je reconnais, dit-il, mon manque de tact ; je n’ai point témoigné les égards désirables à Votre Altesse Royale et à son auguste épouse. Je prie Votre Altesse Royale de me pardonner.

Le Prince répondit que cet état de choses n’avait que trop duré, qu’il avait pardonné souvent, souvent fermé les yeux sur bien des choses, mais qu’aujourd’hui la mesure était comble.

— J’accepte votre démission, continua le Prince, et je vous prie de me désigner les personnes que vous croyez capables de vous remplacer.

Stambouloff parut frappé de la foudre. Tant de fois il avait menacé de donner sa démission, sans que jamais on le prît au mot ! Il restait là, devant le Prince, pâle et bégayant. Il reprit à grand’peine un peu d’empire sur lui-même et balbutia quelques phrases inintelligibles. Quelques jours après, il se présenta à l’audience de congé et, avec un torrent de paroles, il protesta de son loyalisme, de son dévouement au Prince.

— Je suis votre chien fidèle, dit-il ; quand vous m’appellerez, j’accourrai me coucher à vos pieds.