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guerre Petroff, qui ne voulait pas que l’armée entrât en conflit avec le peuple. Stambouloff s’aperçut que le sol commençait à trembler sous ses pas ; il dut se trouver dans l’état d’âme du couvreur qui dit en dégringolant d’un toit : « Ça va bien, pourvu que ça dure ! » En avril 1894, il demanda au Prince de proclamer l’état de siège ; Ferdinand s’y refusa, sachant bien contre qui Stambouloff voulait employer cette arme dangereuse. Au moyen de l’état de siège, la dernière étincelle d’honnêteté et d’indépendance aurait été étouffée, et la volonté despotique du ministre serait devenue la suprême loi. Être le véritable maître en Bulgarie, voilà, de l’aveu de la Svoboda, organe à la dévotion de Stambouloff, le but visé par son orgueil insensé.

La rage au cœur, Stambouloff vit partir le Prince, qui allait assister aux funérailles de sa sœur, à Munich. À son retour, Ferdinand trouva à Belgrade une missive où Stambouloff, au milieu d’un flot de phrases offensantes, donnait sa démission et celle du cabinet tout entier.

Le Prince arriva à Sofia ; la Princesse, à peine remise d’une longue maladie, l’accompagnait. À la gare, tous les ministres vinrent présenter leurs hommages au couple princier, tous, à l’exception