Page:La Bulgarie au lendemain d'une crise, 1895.djvu/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faisait preuve au pouvoir, lorsque toute la Bulgarie, du palais de Ferdinand à la chaumière du paysan, était infestée de ses satellites et de ses espions, bandits arrachés à la justice, dont nous avons parlé plus haut, ou pauvres hères besogneux, auxquels il jetait les miettes de sa table richement servie grâce à la désinvolture avec laquelle il exploitait son pouvoir au profit de ses intérêts personnels.

En dehors de la Bulgarie, on ignore ce que, de Rustschuk à Philippopoli, les oiseaux se racontent sur tous les toits : que le procès Popoff et le procès Panitza furent des assassinats juridiques, car Panitza non plus n’était point un traître, dans le vrai sens du mot, mais on mit en œuvre contre lui tout l’attirail d’une justice corrompue, gagnée d’avance à ses bourreaux.

On ignore aussi à l’étranger que l’exécution des prétendus meurtriers du ministre Beltscheff eut lieu malgré les ordres du prince Ferdinand. À son départ pour Carlsbad, où il allait faire une cure, le Prince avait nettement exprimé sa volonté à Stambouloff à cet égard et commandé de surseoir à l’exécution jusqu’à son retour. Mais un matin, en déjeunant, il reçut la foudroyante nouvelle que Stambouloff, qui cette fois n’était pas même investi des pouvoirs