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Le prince Ferdinand ne put jamais se consoler de l’injustice criante dont l’infortuné Popoff avait été victime. Mais l’heure n’avait pas encore sonné où il pourrait se débarrasser du génie malfaisant dont la nécessité lui imposait la présence, et d’autres déboires plus amers lui étaient encore réservés.

Pour le malheur de la Bulgarie, la délivrance tarda longtemps. Stambouloff, avec une fourberie tout orientale, avait soin de choisir, pour commettre ses forfaits, le temps où le prince Ferdinand était hors du pays. Il semblait qu’il voulût alors se dédommager de la contrainte que la présence du souverain lui avait imposée et rattraper le temps perdu. Quand le prince Ferdinand revenait de ses voyages, il se trouvait en présence de faits accomplis, irréparables ; en outre, il était évident pour tous que plus les actes de malversation, les dénis de justice, les proscriptions se multipliaient, plus la situation matérielle du ministre devenait brillante, à tel point qu’il fut bientôt le plus riche propriétaire foncier de la Bulgarie. La baguette d’un magicien n’eût pu opérer plus mirifiques prodiges.

Mais c’est surtout l’armée qui était l’objectif spécial de Stambouloff ; il voulait l’avilir jusqu’à