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de proscriptions, de tracasseries et d’espionnages policiers, la ruine de milliers d’existences, la violation de la loi et du droit. Et comme sous ses lourdes bottes un grincement de mauvais augure se faisait entendre, comme, en dépit de ses mouchards, il voyait se dessiner dans le pays une opposition qui n’avait d’abord compté que quelques émigrés en Russie, en Serbie, en Roumanie et à Constantinople, il s’entoura d’une armée de sbires, de criminels auxquels il avait fait grâce, de gens sans aveu qui lui servaient d’instruments dociles pour l’exécution de ses louches intrigues ; de ces drôles il fit sa garde d’honneur ; ils l’accompagnaient dans ses sorties, qu’enfin il n’osa plus faire que de nuit et qui le plus souvent ne le conduisaient qu’au club de l’Union où, en compagnie de ses âmes damnées, il pouvait se livrer à ses deux passions maîtresses, la boisson et le jeu. On pouvait le comparer soit à un chef des prétoriens à l’époque du Bas-Empire, soit à un satrape oriental.

Stambouloff devait sa fortune politique à la nécessité d’un courant russophobe, d’une résistance à outrance à la Russie ; mais la violence de ses instincts ne tarda pas à fausser les résultats de ce qui devait être son unique mission. Seule la popularité croissante du prince Ferdinand, qui à l’heure