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émissaires venus de l’étranger et parfois en partie exécutés par eux, menaçaient la personne du Prince et la situation si laborieusement acquise du jeune État bulgare. Stambouloff sut les déjouer grâce à son audace et à sa vigilance prodigieuses, qui n’ont été surpassées que par sa rigueur impitoyable à châtier les coupables.

Une activité couronnée de tels succès ne pouvait que resserrer davantage les liens entre le Prince et le ministre. Mais l’histoire montre à chaque page, par des exemples autrement illustres que celui de Stambouloff, combien la possession du pouvoir peut être périlleuse pour des tempéraments passionnés. La cruauté, l’avidité, la méfiance augmentent sans cesse, l’une par crainte de ses victimes, l’autre par crainte de la lumière sur ses agissements, la dernière par crainte de la vengeance et des représailles. Quand la Bulgarie fut nettoyée des agents et des émissaires russes, quand la tranquillité et l’ordre furent rétablis, Stambouloff aurait dû mettre de côté la verge de fer, mais l’empire sur soi-même qui distingue le véritable homme d’État lui faisait complètement défaut. Loin d’abandonner son système de répression, il le tourna contre ses propres compatriotes, contre quiconque lui déplaisait. Ce fut un système