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ombres, pour que l’histoire de la Bulgarie pendant ses huit dernières années devienne intelligible.

Le prince Ferdinand était arrivé en Bulgarie avec la confiance et la droiture de ses vingt-six ans. Étranger à tous les événements qui avaient précédé son élection, il pouvait désirer un rapprochement avec la Russie, ou demeurer dans le statu quo, selon que les intérêts de la Bulgarie auraient trouvé ou non leur avantage à cette réconciliation. Mais la situation de son président du conseil était toute différente. Warwick bulgare, Stambouloff s’était attiré les colères de la Russie ; ne pouvant les fléchir, il lui fallait les braver.

Peut-être la différence de ces deux situations personnelles vis-à-vis de la question vitale des destinées bulgares contenait-elle déjà les germes de la scission que l’avenir devait rendre inévitable.

Tout d’abord, cependant, les choses marchèrent à souhait. Le jeune Prince n’avait point l’intention de s’écarter, si peu que ce fût, de ses attributions constitutionnelles, et le ministre n’entreprenait rien sans l’assentiment du souverain. À coup sûr, il dut être plus d’une fois pénible pour un Prince d’une éducation raffinée et délicate de supporter les écarts de caractère et le manque de procédés de son ministre, — si tant est qu’il puisse être ques-