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sie pour la première fois quand la maison des Habsbourg eut fait du maintien de la Turquie le pivot de sa politique en Orient. Mais le résultat de la guerre de Crimée occasionna un nouveau revirement. Les écrits des réfugiés bulgares qui trouvèrent un asile en Roumanie et en Serbie montrent que, dans la période comprise entre 1860 et 1876, la partie intelligente de la nation, sous l’influence de rapports fréquents avec les émigrés hongrois et polonais, cessa de placer sa confiance dans la Russie. Et malgré la libération obtenue à l’aide des armes russes, malgré la popularité momentanée qu’un tel événement créa dans le peuple en faveur des libérateurs, cette confiance n’est pas revenue. Faut-il s’en étonner ? Le soleil levant de la liberté avait à peine lui pour la Bulgarie que déjà l’invasion russe commençait. Des nuées de législateurs russes, d’oflSciers russes, de fonctionnaires russes, de trafiquants russes faillirent ravir la clarté bienfaisante de l’astre au peuple à peine sorti des ténèbres de la servitude. Ère Dundukoff-Korsakoff ! Ère Caulbars ! On ne saurait donner une idée de tout ce que les Russes firent alors pour annihiler leur propre prestige, sans recourir à des expressions respirant le plus profond mépris. De cette époque date l’aversion mutuelle des libérateurs et des