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bouleversa les Balkans jusqu’au jour où la Bulgarie put enfin être soustraite au joug ottoman. Mais on ne peut passer sous silence le conflit qui s’éleva entre les puissances européennes dès qu’il s’agit de réorganiser politiquement la péninsule, car il exerce encore à l’heure qu’il est une influence considérable sur le développement autonome et indépendant des États balkaniques.

À l’origine, la Russie avait donné à son œuvre d’affranchissement une portée nationale et religieuse ; il fallait, à l’entendre, arracher à la domination des Turcs les chrétiens esclaves des Balkans. Les États de l’ouest et du centre de l’Europe n’avaient aucun intérêt à combattre une telle tendance, ils pouvaient même l’approuver aussi longtemps qu’il ne s’y mêlait aucune arrière-pensée de modifications à introduire dans l’équilibre européen. Mais plus il devint évident que la libération des chrétiens slaves des Balkans était pour la Russie beaucoup moins un but qu’un moyen d’étendre sa propre domination, plus il devint inévitable que l’Europe, pour s’opposer à cette tendance envahissante de la politique russe, érigeât en principe de droit européen le maintien de l’intégrité de l’Empire ottoman. C’est cet antagonisme qui dicta au congrès de Berlin le démembrement