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campé, menaçant, aux portes de Constantinople ; Byzance avait payé tribut à Tirnovo ; à la table de l’empereur grec, l’ambassadeur du czar bulgare avait eu le pas sur l’envoyé d’Othon le Grand. Après, ce fut une longue nuit, et les Bulgares ne sortirent des ténèbres de la domination byzantine sous laquelle ils étaient tombés dans l’intervalle que pour subir les horreurs du despotisme mahométan. Quel sort effroyable pour un peuple d’être condamné à disparaître de l’histoire pendant cinq siècles ! mais aussi quelle preuve éclatante de vitalité quand on le voit, victorieux de ces cruelles épreuves, ressusciter plus jeune et plus vigoureux que jamais !

Cinq cents ans ! avant que docile à la voix de la Russie, l’attention se portât sur la Bulgarie, avant que l’Europe moderne se sentît prise d’une indicible pitié pour ces Rajahs délaissés dont le sort était plus douloureux encore que celui des autres Rajahs, à cause du voisinage immédiat du Croissant.

Le réveil de la pitié européenne marqua le début de la renaissance historique des Bulgares ; la sympathie de l’Europe fut l’heureuse étoile qui sourit à leur résurrection.

Il serait superflu de rappeler la tempête qui