Page:La Bruyere - Caracteres ed 1696.djvu/210

Cette page n’a pas encore été corrigée

L’on s’accoûtume difficilement à une vie qui se passe dans une antichambre , dans des cours ou sur l’escalier.

La Cour ne rend pas content , elle empêche qu’on ne le soit ailleurs.

Il faut qu’un honnête homme ait tâté de la Cour; il découvre en y entrant comme un nouveau monde qui lui était inconnu , où il voit régner également le vice et la politesse , et où tout lui est utile , le bon et le mauvais.

La Cour ell comme un édifice bâti de marbre,je veux dire qu’elle efl compolée cl‘ hommes fort durs , mais fort polis.

L’on va quelquefois à la Cour pour en revenir , Bc le faire par lâ rcfptûer du noble de fa Provi¤ce·,ou de fon ’Diocefain.

Le Brodeur Bc le Conlifeur (croient (uperflus 8: ne feroient qu’u¤e montre inutile} l‘on étoit modeûe Gt fobre : les Cours (croient desertes , dc les Rois prefque (culs , li l’on étoit gueri dela vanité kde l’intetêt. Les hommes veulent être esclaves quelque pitt , le puifcr lâ de quoi dominer ailleurs. ll icmble qu’on livre en gros aux premiers de la Cour l’air de hauteur , de lierre le co mandement , afin qu‘ils le dillribuënt en détail dans les Provinces z ils font ptécifément cotnnie on leur fait , vrais ânges de la Roiaute’.

Il n’y a rien qui enlaidisse certains Courtisans comme la presence du Prince s à peine les purs-ie reconnoître leurs visages , leurs traits sont alterez , ôtlcuf contenance ell avilie: les gens fiers Gcfupctbcs font les plus défaits , car ils perdent plus du leur ; celui qui est honnête & modeste s’y foûtient mieux , il n‘a rien d reformer.

L’air de Cour est contagieux, il se prend à V**, comme l’accent normand à Rouen ou