de le confirmer tous les matins dans cette opinion. Uni de goût et d’intérêt avec les contempteurs d’Homère, il attend paisiblement que les hommes détrompés lui préfèrent les poètes modernes : il se met en ce cas à la tête de ces derniers, et il sait à qui il adjuge la seconde place. C’est en un mot un composé du pédant et du précieux, fait pour être admiré de la bourgeoisie et de la province en qui néanmoins on n’aperçoit rien de grand que ;’opinion qu’il a de lui-même.
76. — C’est la profonde ignorance qui inspire le ton dogmatique. Celui qui ne sait rien croit enseigner aux autres ce qu’il vient d’apprendre lui-même ; celui qui sait beaucoup pense à peine que ce qu’il dit puisse être ignoré, et parle plus indifféremment.
77. — Les plus grandes choses n’ont besoin que d’être dites simplement : elles se gâtent par l’emphase. Il faut dire noblement les plus petites : elles ne se soutiennent que par l’expression, le ton et la manière.
78. — Il me semble que l’on dit les choses encore plus finement qu’on ne peut les écrire.
79. — Il n’y a guère qu’une naissance honnête, ou qu’une bonne éducation, qui rendent les hommes capables de secret.
80. — Toute confiance est dangereuse si elle n’est entière : il y a peu de conjonctures où il ne faille tout dire ou tout cacher. On a déjà trop dit de son secret à celui à qui l’on croit devoir en dérober une circonstance.
81. — Des gens vous promettent le secret, et ils le révèlent eux-mêmes, et à leur insu ; ils ne remuent pas les lèvres, et on les entend ; on lit sur leur front et dans leurs yeux, on voit au travers de leur poitrine, ils sont transparents. D’autres ne disent pas précisément une chose qui leur a été confiée ; mais ils parlent et agissent de manière qu’on la découvre de soi-même. Enfin quelques-uns méprisent votre secret, de quelque conséquence qu’il puisse être : C’est un mystère, un tel m’en a fait part, et m’a défendu de le dire ; et ils le disent. Toute révélation d’