ce sont ceux mêmes dont personne n’est content.
60. — Le dédain et le rengorgement dans la société attire précisément le contraire de ce que l’on cherche, si c’est à se faire estimer.
61. — Le plaisir de la société entre les amis se cultive par une ressemblance de goût sur ce qui regarde les mœurs, et par quelque différence d’opinion sur les sciences : par là où l’on s’affermit dans ses sentiments, où l’on s’exerce et l’on s’instruit par la dispute.
62. — L’on ne peut aller loin dans l’amitié, si l’on n’est pas disposé à se pardonner les uns aux autres les petits défauts.
63. — Combien de belles et inutiles raisons à étaler à celui qui est dans une grande adversité, pour essayer de le rendre tranquille ! Les choses de dehors, qu’on appelle les événements, sont quelquefois plus fortes que la raison et que la nature. « Mangez, dormez, ne vous laissez point mourir de chagrin, songez à vivre » : harangues froides, et qui réduisent à l’impossible. « Êtes-vous raisonnable de vous tant inquiéter ? » n’est-ce pas dire : « Êtes-vous fou d’être malheureux ? »
64. — Le conseil, si nécessaire pour les affaires, est quelquefois dans la société nuisible à qui le donne, et inutile à celui à qui il est donné. Sur les mœurs, vous faites remarquer des défauts ou que l’on n’avoue pas, ou que l’on estime des vertus ; sur les ouvrages, vous rayez les endroits qui paraissent admirables à leur auteur, où il se complaît davantage, où il croit s’être surpassé lui-même. Vous perdez ainsi la confiance de vos amis, sans les avoir rendus ni meilleurs ni plus habiles.
65. — L’on a vu, il n’y a pas longtemps, un cercle de personnes des deux sexes, liées ensemble par la conversation et