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la plus douce eſt le ſon de voix de celle que l’on aime.

11. — L’agrément eſt arbitraire : la beauté eſt quelque choſe de plus réel & de plus indépendant du goût & de l’opinion.

12. — L’on peut eſtre touché de certaines beautez ſi parfaites & d’un mérite ſi éclatant, que l’on ſe borne à les voir & à leur parler.

13. — Une belle femme qui a les qualitez d’un honneſte homme eſt ce qu’il y a au monde d’un commerce plus délicyeux : l’on trouve en elle tout le mérite des deux ſexes.

14. — Il échappe à une jeune perſonne de petites choſes qui perſuadent beaucoup, & qui flattent ſenſiblement celuy pour qui elles ſont faites. Il n’échappe preſque rien aux hommes ; leurs careſſes ſont volontaires ; ils parlent, ils agiſſent, ils ſont empreſſez, & perſuadent moins.

15. — Le caprice eſt dans les femmes tout proche de la beauté, pour eſtre ſon contre-poiſon & afin qu’elle nuiſe moins aux hommes, qui n’en guériraient pas ſans remède.

16. — Les femmes s’attachent aux hommes par les faveurs qu’elles leur accordent : les hommes guériſſent par ces meſmes faveurs.

17. — Une femme oublie d’un homme qu’elle n’aime plus juſques aux faveurs qu’il a reçues d’elle.

18. — Une femme qui n’a qu’un galant croit n’eſtre point coquette ; celle qui a pluſieurs galants croit n’eſtre que coquette. Telle femme évite d’eſtre coquette par un ferme attachement à un ſeul, qui paſſe pour folle par ſon mauvais choix.

19. —