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l’ait remis jusque dans sa maison : si par hasard il a appris ce qui aura été dit dans une assemblée de ville, il court dans le même temps le divulguer ; il s’étend merveilleusement sur la fameuse bataille[1] qui s’est donnée sous le gouvernement de l’Orateur Aristophon, comme sur le combat célèbre[2] que ceux de Lacédémone ont livré aux Athéniens sous la conduite de Lysandre : Il raconte une autre fois quels applaudissements a eus un discours qu’il a fait dans le public, en répète une grande partie, mêle dans ce récit ennuyeux des invectives contre le peuple ; pendant que de ceux qui l’écoutent, les uns s’endorment, les autres le quittent, et que nul ne se ressouvient d’un seul mot qu’il aura dit. Un grand

  1. C’est-à-dire sur la bataille d’Arbelles et la victoire d’Alexandre suivies de la mort de Darius, dont les nouvelles vinrent à Athènes, lorsque Aristophon célèbre Orateur était premier Magistrat.
  2. Il était plus ancien que la bataille d’Arbelles, mais trivial et su de tout le peuple.