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dans une prison sa demeure ordinaire et où il passe une partie de sa vie. Ce sont ces sortes de gens que l’on voit se faire entourer du peuple, appeler ceux qui passent, et se plaindre à eux avec une voix forte et enrouée, insulter ceux qui les contredisent ; les uns fendent la presse pour les voir, pendant que les autres contents de les avoir vus se dégagent et poursuivent leur chemin sans vouloir les écouter ; mais ces effrontés continuent de parler, ils disent à celui-ci le commencement d’un fait, quelque mot à cet autre, à peine peut-on tirer d’eux la moindre partie de ce dont il s’agit ; et vous remarquerez qu’ils choisissent pour cela des jours d’assemblée publique où il y a un grand concours de monde qui se trouve le témoin de leur insolence : toujours accablés de