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nent soin que toute la ville soit informée qu’ils font ces emplettes : leur maison est toujours remplie de mille choses curieuses qui font plaisir à voir, ou que l’on peut donner, comme des Singes et des Satyres[1] qu’ils savent nourrir, des pigeons de Sicile, des dés qu’ils font faire d’os de chèvre, des fioles pour des parfums, des cannes torses que l’on fait à Sparte, et des tapis de Perse à personnages. Ils ont chez eux jusques à un jeu de paume, et une arène propre à s’exercer à la lutte ; et s’ils se promènent par la ville, et qu’ils rencontrent en leur chemin des Philosophes, des Sophistes[2], des Escrimeurs ou des Musiciens, ils leur offrent leur maison pour s’y exercer chacun dans son art indifféremment ; ils se trouvent présents à ces exercices, et se mêlant avec ceux qui vien-

  1. Une espèce de singes.
  2. Une sorte de Philosophes vains et intéressés.