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gnée[1] ; il les prend ensuite sur lui et les laisse dormir sur son estomac, quoiqu’il en soit incommodé. Celui enfin qui veut plaire se fait raser souvent, a un fort grand soin de ses dents, change tous les jours d’habits, et les quitte presque tout neufs ; il ne sort point en public qu’il ne soit parfumé ; on ne le voit guère dans les salles publiques qu’auprès des comptoirs des Banquiers[2] ; et dans les Écoles qu’aux endroits seulement où s’exercent les jeunes gens[3], ainsi qu’au théâtre les jours de spectacle, dans les meilleures places et tout proche des Préteurs. Ces gens encore n’achètent jamais rien pour eux, mais ils envoient à Byzance toute sorte de bijoux précieux, des chiens de Sparte à Cyzique, et à Rhodes l’excellent miel du mont Hymette ; et ils pren-

  1. Petits jouets que les Grecs pendaient au cou de leurs enfants.
  2. C’était l’endroit où s’assemblaient les plus honnêtes gens de la ville.
  3. Pour être connu d’eux, et en être regardé, ainsi que de tous ceux qui s’y trouvaient.