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aux bêtes[1] de charrue qu’ils ont dans leurs étables ; heurte-t-on à leur porte pendant qu’ils dînent, ils sont attentifs et curieux ; vous remarquez toujours proche de leur table un gros chien de cour qu’ils appellent à eux, qu’ils empoignent par la gueule, en disant, voilà celui qui garde la place, qui prend soin de la maison et de ceux qui sont dedans. Ces gens, épineux dans les payements que l’on leur fait, rebutent un grand nombre de pièces qu’ils croient légères, ou qui ne brillent pas assez à leurs yeux, et qu’on est obligé de leur changer : ils sont occupés pendant la nuit d’une charrue, d’un sac, d’une faux d’une corbeille, et ils rêvent à qui ils ont prêté ces ustensiles ; et lorsqu’ils marchent par la ville, combien vaut, demandent-ils aux premiers

  1. des bœufs.