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ne des tribus[1] de la ville ; Pour sa mère, c’était une noble[2] Thracienne ; car les femmes de Thrace, ajoute-t-il, se piquent la plupart d’une ancienne noblesse ; celui-ci né de si honnêtes gens est un scélérat, et qui ne mérite que le gibet ; et retournant à la mère de cet homme qu’il peint avec de si belles couleurs, elle est, poursuit-il, de ces femmes qui épient sur les grands chemins[3] les jeunes gens au passage, et qui, pour ainsi dire, les enlèvent et les ravissent. Dans une compagnie où il se trouve quelqu’un qui parle mal d’une personne absente, il relève la conversation ; je suis, lui dit-il, de votre sentiment, cet homme m’est odieux, et je ne le puis souffrir ; qu’il est insupporta-

  1. Le peuple d’Athènes était partagé en diverses tribus.
  2. Cela est dit par dérision des Thraciennes qui venaient dans la Grèce pour être servantes, et quelque chose de pis.
  3. Elles tenaient hôtellerie sur les chemins publics où elles se mêlaient d’infâmes commerces.